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La Terre appartient au globiche, oncques daubé en 'broc-angliche'.

Deux demi-siècles de pilonnage le privilégiant ad nauseam

ont anéanti tant les académismes

que les singularités langagières de toutes les autres langues ;

tout le domaine occupé par les deux cents derniers parlers a été hébété ;

chaque chose, chaque créature, chaque pensée

a été redénommée et, par-dessus tout, subsumée.

Et j'ai achevé,

pour la connaissance des vraisemblables peuples futurs,

aidé par Gafa, mon fils,

d'empreindre leur histoire dans le silicium.

Et me voici, interdit, au bord de Gigapole,

dans l'aveugle nuit moirée de ses miasmes létifères.

Une demi-lune de plomb se tient sur le Couchant.

Les crécelles histrionnes percentuplées postillonnent MonOpinion

dans les conglomérats de pavillons au cinéma permanent.

Le tsunami des véhicules s'engouffre obstinément

dans les culs-de-basse-fosse du guêpier citadin ;

son rauquement revêche présage son énervement nonchalant

dans la superfétation diluvienne.

Et j'ai pandiculé,

dans mes sourds sanglots nerveux,

et un geignement est monté de mon cœur.

Car, maintenant que le bruissant kaléidoscope babélien

s'est dissous dans un marmonnement agonique,

mon esprit le regrette,

et je me demande quel épicier machiavélisme de série B

a voulu que la luxuriance de la Parole et de la Pensée

soit réduite à ce seul abécédaire anglo-saxon

pitoyablement baragouiné par les spoliés du logos !

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