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VIII

Dernière période du livre de Bakhoûn


La Terre appartient aux Hommes.
Deux jours de combat ont anéanti les Xipéhuz ;
tout le domaine occupé par les deux cents derniers a été rasé,
chaque arbre, chaque plante, chaque brin d'herbe a été abattu.
Et j'ai achevé, pour la connaissance des peuples futurs,
aidé par Loûm, Azah et Simhô, mes fils,
d'inscrire leur histoire sur des tables de granit.

Et me voici seul, au bord de Kzour, dans la nuit pâle.
Une demi-lune de cuivre se tient sur le Couchant.
Les lions rugissent aux étoiles.
Le fleuve erre lentement parmi les saules ;
sa voix éternelle raconte le temps qui passe,
la mélancolie des choses périssables.
Et j'ai enterré mon front dans mes mains,
et une plainte est montée de mon cœur.
Car, maintenant que les Xipéhuz ont succombé,
mon âme les regrette,
et je demande à l'Unique
quelle Fatalité a voulu
que la splendeur de la Vie
soit souillée par les Ténèbres du Meurtre !


Joseph Henri BOEX, dit ROSNY AÎNÉ, Les Xipéhuz, 1887.

Il serait dommageable de ne point (re)lire ce petit chef-d'œuvre,

considéré comme l'un des tout premiers textes de science-fiction...

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Xip%C3%A9huz/%C3%89dition_Albert_Savine_1888/Texte_entier

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