Ĉu nedecaj tekstoj ?
Wenn die Haifische Menschen wären
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(( Quelle traduction proposer ?
Une méconnaissance crasse de toute langue étrangère
m'interdit de proposer la plus fidèle à l'original,
à supposer que je la connusse.
Je n'en donnerai donc aucune.
Heureusement, une simple recherche sur la Toile
vous offrira ce petit chef-d'œuvre de Brecht.
Utilisez le titre en allemand ou les mots Brecht requins poissons
dans le champ idoine d'un moteur de recherche... ))
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Bertolt Brecht, ca 1950.
Rien à se mettre sous les yeux, alors ? Ben si ! des textes inspirateurs de l'amphigouri à la Brecht !
Car un jour viendra
où l’idée que,
pour se nourrir,
les hommes du passé
élevaient et massacraient des êtres vivants
et exposaient complaisamment
leur chair en lambeaux dans des vitrines,
inspirera sans doute
la même répulsion
qu’aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle,
les repas cannibales
des sauvages américains, océaniens ou africains.
Claude Lévi-Strauss, « La leçon de sagesse des vaches folles », Études rurales [En ligne], 157-158 | 2001,
mis en ligne le 13 décembre 2016, consulté le 23 juillet 2017. URL : http://etudesrurales.revues.org/27
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Quand l'accumulation
de la richesse
ne sera plus
d'une grande
importance sociale,
de profondes modifications
se produiront
dans notre système
de moralité.
Il nous sera possible
de nous débarrasser
de nombreux
principes pseudo-moraux
qui nous ont tourmentés
pendant deux siècles
et qui nous ont fait
ériger en vertus sublimes
certaines
des caractéristiques
les plus déplaisantes
de la nature humaine.
Nous pourrons
nous permettre de juger
la motivation pécuniaire
à sa vraie valeur.
L'amour de l'argent
comme moyen de se procurer
les plaisirs
et les réalités de la vie
sera reconnu
pour ce qu'il est :
un état morbide
plutôt répugnant,
l'une de ces inclinations
à demi criminelles
et à demi pathologiques
dont on confie le soin
en frissonnant
aux spécialistes
des maladies mentales.
Bernard Maris in Antimanuel d'économie (II),
citant Patrick Viveret in Pourquoi ça ne va pas plus mal ?,
lui-même citant J. M. Keynes in Essais sur la monnaie et l'économie.
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L'éducation est quelque chose qui,
par définition,
par essence pourrait-on dire,
est hors marché.
Le marché ne peut pas comprendre
l'acte d'enseigner.
Quand tu enseignes,
il se passe quelque chose d'extraordinaire :
tu donnes quelque chose,
et pourtant tu ne perds rien.
Tu donnes ton savoir,
et tu ne perds pas ton savoir.
Il se peut même
qu'au contact de l'élève
il se soit amélioré.
L'économie, c'est l'inverse.
Ton litre d'essence,
c'est pas celui du voisin.
Il est à toi.
Tu en es propriétaire.
Si tu l'as,
ton voisin ne peut l'avoir.
L'économie n'existe que par la rareté,
la rareté qui permet de mettre des péages
et d'accaparer de la rente.
L'éducation, au contraire,
c'est l'abondance.
Le savoir peut être accumulé à l'infini.
Pas comme les voitures.
L'éducation est une atteinte fondamentale
au droit de propriété,
pierre angulaire du capitalisme.
Au fond, l'éducation est inadmissible,
insupportable
pour le système marchand.
Mais il y a plus :
l'éducation est aussi une atteinte à l'héritage,
autre fondement essentiel
de l'inégalité des hommes
et de la division en classes.
Que serait-on sans tous les penseurs
et les créateurs depuis Homère ?
Que serait, aujourd'hui,
un misérable chercheur mercenaire,
améliorateur de logiciels de flicage chez Windows,
sans Bernoulli et von Neumann ?
Par l'éducation
j'hérite à titre gratuit
du patrimoine culturel
de l'humanité.
Essayez de l'expliquer
à ceux qui veulent abolir
l'impôt sur la fortune
et sur les successions !
Bernard Maris,
in Charlie Hebdo (21/05/2003)